Procès Guy Wildenstein : le crépuscule d’une dynastie ?

22 décembre 2015
22 décembre 2015 adminCDBeghi25

Le marchand d’art Guy Wildenstein et plusieurs membres de sa famille, jugés pour fraude fiscale et blanchiment et en bande organisée, ont été relaxés jeudi 12 janvier 2017. Peu avant l’ouverture du procès, en janvier 2016, « M » dressait le portrait d’un clan au bord de l’explosion.

Un empire financier, une famille qui s’entre-déchire, des successions litigieuses et un léger parfum de scandale politique. L’énième scénario de « Dallas » ? Non, celui du feuilleton judiciaire qui a débuté lundi 4 janvier au tribunal correctionnel de Paris et reprendra le 4 mai prochain. Au cœur de la tempête : la famille Wildenstein, et en particulier son patriarche, Guy. Agé de 70 ans, résident des Etats-Unis, où il est né, ce marchand d’art n’est pas seulement une figure très influente de la scène artistique internationale, il est aussi l’un des membres fondateurs de l’UMP. Et un très proche de Nicolas Sarkozy. Autant d’ingrédients qui promettent de passionnants rebondissements lors des prochaines semaines. Mis en examen avec les héritiers de son défunt frère Alec par les juges d’instruction Guillaume Daïeff et Serge Tournaire, Guy Wildenstein devra répondre d’accusations portant sur la succession de son père, Daniel, décédé en 2001. Le crépuscule d’une dynastie qui règne depuis le XIXe siècle sur le marché de l’art ?

Il lui est notamment reproché d’avoir dissimulé ses avoirs dans des trusts situés dans des paradis fiscaux. Deux de ces entités financières sont dans la foulée elles-mêmes poursuivies en tant que « personnes morales » : la Northern Trust Fiduciary Services et la Royal Bank of Canada Trust Company Limited pour l’action dans cette affaire de sa filiale aux Bahamas. Sont également impliqués un notaire et quelques avocats proches de la famille.

"Une écurie, des maisons, un ranch, une île…"

L’administration fiscale réclame par ailleurs aux Wildenstein, après négociations, la somme record de 550 millions d’euros. Parmi les avoirs de Daniel Wildenstein qui auraient dû être déclarés lors de sa succession, selon l’ordonnance de renvoi des juges d’instruction : « les propriétés immobilières du Kenya, des îles Vierges britanniques, du 740 Madison Avenue et du 19 East 64th Street à New York, les parts de la Wildenstein & Co Inc, diverses galeries d’art, le tout logé dans le Sons Trust, le David Trust, le Sylvia Trust et le GW Trust ».

Un inventaire à la Prévert dont on prend la mesure dans la version plus romantique de la veuve de Daniel, Sylvia Wildenstein, décédée en 2010. Interviewée par Le Monde quelques années auparavant, elle évoque un souvenir de vacances : la famille est en croisière dans les Antilles. Avec son propre bateau, ça va de soi. Pris dans une tempête, le yacht tente de se réfugier dans des ports d’Haïti ou de Saint-Domingue. Mais il ne peut y pénétrer, car il est trop grand… Il fait donc relâche dans une baie protégée des îles Vierges, qu’à la demande de son épouse, Daniel Wildenstein décide d’acheter, en 1981, pour y établir une villégiature plus stable.

Outre l’îlot privé, la famille a eu une résidence en Suisse, une écurie de courses à Chantilly, le château de Marienthal près de Verrières-le-Buisson (Essonne) posé sur un parc de plus de 8 hectares. Une misère comparée à leur ranch de 30 000 hectares au Kenya, où fut tournée une partie du film Out of Africa : y sont implantés deux cents bâtiments et creusés cinquante lacs artificiels. Il dispose également d’un hôpital de brousse et d’une clinique vétérinaire destinée aux animaux sauvages. On se déplace d’un lieu à l’autre en jet, privé, bien entendu. La famille possède par ailleurs une des plus belles maisons de l’Upper East Side, le quartier le plus huppé de New York. La galerie d’art est installée à proximité, dans un hôtel particulier. Ses réserves sont mythiques, fruits du labeur de plusieurs générations.

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Source: Lemonde.fr
Auteur: Harry Bellet

Photo: Complément d’enquête

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