L’avocate Claude Dumont Beghi revient sur le procès de Guy Wildenstein

8 janvier 2016
8 janvier 2016 adminCDBeghi25

En 2002, Guy et Alec Wildenstein déclarent 42 millions d’euros d’héritage après la mort de leur père Daniel. Douze ans plus tard, en 2014, le fisc français adresse à Guy Wildenstein un redressement de 550 millions d’euros.

En 2002, Guy et Alec Wildenstein déclarent 42 millions d’euros d’héritage après la mort de leur père Daniel. Ils paient des droits de succession de 17,7 millions d’euros, qu’ils règlent par la dation de bas-reliefs sculptés pour la reine Marie-Antoinette, qui rejoignent la Laiterie de la Reine à Rambouillet (Yvelines). Douze ans plus tard, en 2014, le fisc français adresse à Guy Wildenstein un redressement de 550 millions d’euros. Entre ces deux événements, il aura fallu la révolte d’une veuve, Sylvia Roth-Wildenstein, face à ses beaux-enfants et la pugnacité de son avocate, Claude Dumont-Beghi, pour lever le voile sur un « système » de trusts dissimulant des centaines d’œuvres d’art. Entretien avec cette spécialiste de la lutte contre les paradis fiscaux, qui publie aux éditions l’Archipel le récit à charge de cette enquête, Les milliards cachés des Wildenstein. Le procès des Wildenstein s’est ouvert lundi dernier à Paris.

"Grâce à mes plaintes, des perquisitions ont eu lieu et on a découvert qu’à l’Institut Wildenstein se trouvaient des tableaux spoliés et volés."

Pourquoi publier ce livre alors que votre cliente, Sylvia Roth-Wildenstein, veuve de Daniel, est aujourd’hui décédée ?

Claude Dumont-Beghi : J’avais commencé à l’écrire avant son décès et elle m’a donné un mandat post-mortem souhaitant qu’on le publie. Elle a mis beaucoup d’énergie pour que les choses soient dites et m’a demandé de porter sa parole au-delà de son existence. Il n’y a plus d’héritiers, sa sœur a renoncé à la succession, alors que ma cliente avait fait un testament en 2008 où elle demandait que celle-ci poursuivre son action… Il n’y a pas d’intérêt financier à ce que je fais depuis longtemps. Je le fais aussi pour qu’on arrive à plus de décence. Même s’ils avaient payé les impôts qu’ils devaient, les Wildenstein seraient toujours milliardaires.

Sa disparition a-t-elle clos l’action judiciaire ?

Je n’ai plus de mandat d’intervenir. Mais nous avions déposé deux plaintes au pénal. La première pour abus de confiance, ensuite pour organisation d’insolvabilité, recel, faux et usages de faux… Je me suis constituée partie civile pour ma cliente. Une fois l’action publique lancée, elle continue même après décès, donc mes deux plaintes de 2009 ont prospéré. Par devoir moral et conviction, j’ai alerté l’autorité publique en voyant qu’il y allait avoir prescription fiscale. J’ai écrit à François Baroin, alors ministre du Budget, en 2010, juste avant la disparition de Sylvia Roth – le courrier figure en annexe dans mon livre. Ce dernier a déposé plainte pour fraude fiscale contre les Wildenstein le jour de son départ… Grâce à mes plaintes, des perquisitions ont eu lieu et on a découvert qu’à l’Institut Wildenstein (rue La Boétie à Paris) se trouvaient des tableaux spoliés et volés.

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Source: Le Quotidien de l’Art
Auteur: Alexandre Crochet

Photo: Raphaël Beghi

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