Affaire Wildenstein : la chasse aux trusts de Me Dumont Beghi

6 janvier 2016
6 janvier 2016 adminCDBeghi25

L’avocate qui a contribué à ébranler la célèbre famille de marchands d’art – dont plusieurs membres sont jugés depuis lundi – raconte tout dans un livre.

Ce pourrait être la vengeance des femmes, un fait peu habituel dans la famille. Chez les Wildenstein, la fortune se transmet de père en fils et mieux vaut que les conjointes restent en dehors des affaires de gros sous. On leur offre des chevaux, des bijoux, parfois un tableau, un appartement ou, pourquoi pas, une opération de chirurgie esthétique. Pourvu qu’elles ne se mêlent pas. Lorsque Sylvia Wildenstein rencontre pour la première fois Me Claude Dumont-Beghi, en 2003, deux ans après le décès de Daniel, son époux, elle ne s’attend pas à voir arriver une femme. D’emblée, le courant passe : « Je vous ai choisie comme je choisis mes pur-sang ! » reconnaîtra plus tard la veuve du richissime marchand d’art français.

Jusqu’à la mort de Sylvia en 2010, les deux femmes ne se quitteront plus, unies dans leur volonté de rétablir la vérité sur la fortune de Daniel Wildenstein, cet héritage colossal – composé de tableaux à plusieurs millions de dollars, de somptueuses demeures aux quatre coins du monde et de chevaux de course – mystérieusement volatilisé à la mort du magnat.

"C’est ce combat que relate l’avocate d’affaires internationales engagée dans la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, Claude Dumont-Beghi, dans Les Milliards cachés des Wildenstein."

Le système des « trusts »

Tout commence avec la disparition brutale de Daniel Wildenstein, en 2001. À la demande de ses beaux-fils, Alec et Guy, nés d’un premier mariage du défunt, Sylvia renonce à sa part d’héritage. Les deux frères lui annoncent en effet que leur père est mort ruiné et menacé par le fisc. De fait, il a bien été visé par un redressement fiscal, au titre de l’impôt sur le revenu des années 1996 à 1998, d’environ 67 millions de francs. Sylvia ne se pose donc, sur le moment, pas plus de questions et accepte, en échange de sa renonciation, la jouissance d’un appartement de 350 mètres carrés à Paris, le personnel nécessaire à son entretien ainsi qu’un petit pécule. C’est lorsqu’elle s’aperçoit que ses pur-sang deviennent propriété d’une société irlandaise qu’elle commence à douter de la loyauté de ses beaux-fils et qu’elle fait appel à Me Dumont-Beghi.

La traque aux milliards est alors lancée, sur fond d’expertises, de contre-expertises, d’évaluations et de réévaluations. La guerre judiciaire commencée en 2003 se poursuit depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, où Guy Wildenstein, 70 ans, est poursuivi pour « fraude fiscale » et « blanchiment de fraude fiscale ». Mais, depuis 2003, Me Dumont-Beghi a apporté de l’eau à son moulin en révélant notamment le système des « trusts » sur lequel repose la fortune des Wildenstein. Ce montage complexe hérité des croisés anglo-saxons permet de mettre à l’abri des biens et d’en confier la gestion à un tiers désigné. Tous ceux qui, en Europe, partaient pour les croisades avaient de bonnes raisons d’envisager un voyage sans retour. Les voyageurs anglo-saxons avaient, eux, imaginé de confier leur fief, leur fortune et même leur épouse à un tiers, une personne de confiance. À charge pour ce dernier de tout restituer au « pèlerin » à son retour.

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Source: Le Point
Auteur: Victoria Gairin

Photo: Joel Saget / afp.com

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